On n’a peut-être pas suffisamment souligné la prouesse d’avoir à Paris un salon international de l’ampleur de ChangeNOW, "le plus grand événement de solutions pour la planète”, avec plus de 35 000 participants, des centaines de conférences et d’ateliers, des milliers d’exposants…
Il faut dire qu’en matière de climat - même si on est encore très, très loin du compte - la vieille Europe a plus de cartes à jouer pour avoir un réel “impact” que dans d’autres domaines (au hasard, la tech)
TL;DR
Paris a la chance d’accueillir l’événement mondial qu’est ChangeNOW, qui fédère une large communauté d’acteurs du changement, venus d’horizon très divers.
Cette année, aux côtés des intervenants désormais habituels - comme l’économiste de la décroissance Timothée Parrique - l’ouverture et le renouveau étaient surtout incarnés par les groupes de lycéens, accompagnés depuis plusieurs mois jusqu’au point d’orgue du salon.
La recette - réunir dans un même lieu entrepreneurs à impact, grands groupes, investisseurs, médias, activistes et représentants de la société dans toute sa diversité - a fait ses preuves. Alors pourquoi céder à la demande incessante d’inédit et de nouveautés, quand on a une formule qui fonctionne ?
Pour ceux qui avaient déjà été à ChangeNOW en 2023, l’édition 2024 pouvait ressembler, de loin, à un simple copier-coller (sauf peut-être sur le plan de la météo, l’événement ayant été avancé de quelques mois), ce qui est plutôt cohérent avec les enjeux de développement durable et d’économie circulaire…
On retrouvait en effet dans le Grand Palais Ephémère la même recette (et le même décor, un bon point pour l’empreinte carbone) que l’année passée : un vaste catalogue de solutions diverses et variées venant du monde entier, des médias pour en parler (dont le tout nouveau 2050Now, une initiative des Echos-Le Parisien, propriétaire du salon) et parler de leur propre rôle dans la transition, des investisseurs “à impact” pour (tenter de) financer ces solutions, des activistes venus porter leurs messages… Ajoutez à cela de grands groupes venus présenter leurs actions (comme la RATP cette année), ainsi que quelques représentants politiques plus ou moins en campagne.
Et puis, bien sûr, comme l’an dernier, il y avait l’économiste star de ce genre d’événement, Timothée Parrique (et sa moustache).
Timothée Parrique, c’est vraiment l’archétype du “bon client” pour une conférence : il fait le show avec ses punchlines et ses métaphores dignes du stand-up (“Avez-vous déjà dans un buffet à volonté ? Vous savez, ces endroits sales et pas cher ? C’est pas cher mais vous le regrettez toujours en sortant, vous mangez trop et si vous n'arrivez pas en premier, vous n'aurez rien d'autre que des plats vides ? Je ne vois pas de meilleure analogie pour illustrer les 50 dernières années de développement mondial.”), il arrive avec des slides bien travaillé pour présenter le “Netflix de la sustainabilité”, et assure lui-même la bande son avec l’interprétation du thème d’Avengers… et j’en passe. Le show n’est heureusement pas gratuit : il est au service de son message et d’une invitation à passer (enfin) à l’action.
Il y avait quand même un changement notable pour cette édition 2024, mais presque passé inaperçu : la disparition de la journée grand public… Habituellement, le dernier jour - le samedi, les autres années - marquait un “switch” : sur scène et dans les allées, le Français reprenait ses droits et le public devenait plus familial.
Avec ce recentrage sur les “professionnels” on aurait pu craindre que l’événement perde en ouverture et ne se transforme en entre-soit. Soyons honnête, il en avait parfois un peu l’air, mais les organisateurs avaient trouvé une parade intéressante pour ouvrir l’événement à un public plus large, pas forcément attendu dans ce lieu : le “programme jeunesse”, initié l’an dernier.
C’est simple, il s’agissait de la scène la plus animée pendant la deuxième journée : difficile de passer devant sans être attiré par les cris et les applaudissements. Pendant toute une matinée, des classes de lycéens occupaient le devant de la scène, en étant tour à tour intervieweurs, présentateurs, acteurs ou orateurs.
Ce “programme jeunesse” était le fruit d’un partenariat au long cours entre ChangeNOW et des écoles, dont les élèves ont été accompagnés pendant plusieurs mois jusqu’au jour J. Un bon moyen de faire vivre l’événement et ses valeurs au-delà des trois jours de salon.
Résultat : une vraie bouffée d’air frais pendant toute une matinée, avec un “refresh” bienvenu, porteur d’énergie et d’un certain enthousiasme (jusqu’à en faire danser le conseiller interministériel à la jeunesse).
L’an prochain, ChangeNOW retourne au Grand Palais, le vrai. Et là, ce sera forcément différent !
Benoit Zante
Crédits photos : ChangeNOW / Carole Sertillanges / julien_philippy