Dream Team
En cette rentrée, je suis en train de préparer mon programme de conférences des mois à venir… Première étape : faire un le bilan des événements auxquels j’ai assisté ces derniers temps afin de fixer des priorités. J’en profite au passage pour vous proposer ma “dream team” de speakers inspirants.
TL;DR
Post-covid (si tant est que le covid soit derrière nous), l’offre de contenus en ligne pour les professionnels s’est démultipliée. Pour convaincre le public de se déplacer, les organisateurs d’événements doivent plus que jamais travailler leurs promesses éditoriales et/ou expérientielles.
Un des moyens de marquer les esprits est de s’appuyer sur des personnalités iconoclastes, qui viennent bousculer les dogmes et les croyances établies. Mais celles-ci ne doivent pas non plus être trop clivantes, au risque de braquer l’auditoire et de susciter le rejet.
Un champ reste encore largement inexploré : les nouveaux formats d’intervention, au-delà des traditionnels “keynote”, “panels” et “firechats”, même si, de temps en temps, quelques présentations originales sortent du lot.
Si vous suivez cette newsletter depuis un moment, vous savez que j’ai l’habitude d’assister à de nombreux événements et conférences en France, en Europe et parfois plus loin. Le but : trouver de nouveaux sujets, être inspiré, faire des rencontres… (et avoir des choses à raconter dans cette newsletter à mon retour).
Mais depuis le covid, pas mal de choses ont changé. L’offre de contenus “inspirants” est désormais massive en ligne. Il n’est plus nécessaire de se déplacer à l’autre bout du monde pour écouter tel ou tel speaker, puisque les replays des conférences se sont généralisés. C’est ainsi que je m’apprête à suivre une conférence à Perth la semaine prochaine - le Remix Summit, qui mixe culture, technologie et entrepreneuriat.
Mais du coup, qu’est-ce qui fait une bonne conférence, un événement professionnel auquel on a envie de se rendre ?
Les éléments clés d’un bon événement professionnel se trouvent plus que jamais renforcés : l’expérience sur place, les rencontres physiques, la qualité des participants. Et je crois encore et toujours à la force du “direct” : certains intervenants méritent d’être vus “en vrai”.
D’où mon sujet de cette semaine : si je devais organiser un événement physique, quels seraient les intervenants que je voudrais avoir sur scène ?
Après ces centaines d’heures passées à suivre des conférences “en présentiel” ou à distance, j’ai décidé de vous partager mon top 5 des speakers de l’année, ceux qui inspirent, font réfléchir et/ou arrivent à susciter des émotions fortes (tout cela va souvent de concert).
Timothée Parrique
C’est un choix tout sauf original… Cet économiste de la décroissance plaisante lui-même sur le nombre de conférences qu’il a donné cette année. C’est simple, ce printemps, j’ai l’impression de l’avoir vu partout - et pas seulement à des événements consacrés au changement climatique : à ChangeNow, au Web2Day à Nantes, ou encore à l’USI - dont le thème semblait taillé pour lui : “L’entreprise à l’épreuve du monde. Quelles motivations pour une bifurcation des modèles d’affaires ?” - j’en reparlerai sans doute prochainement, tant cet événement gagne à être connu.
Depuis la publication de son livre “Ralentir ou Périr”, Timothée Parrique est donc sans conteste la “révélation de l’année” au sein des conférences ciblant les décideurs. Iconoclaste par sa remise en cause du dogme de la croissance, mais suffisamment bien élevé pour ne pas faire (trop) peur à l’auditoire. Il est en plus capable d’adapter son discours à son public (du radical “we must urgently dismantle capitalism” à ChangeNOW à une approche beaucoup plus modérée à l’USI).
Dans sa foulée, c’est tout le mouvement de la décroissance (ou ses versions internationales, le “degrowth” et l’étape suivante, le “post-growth”) qui gagne en visibilité, avec, par exemple Mélanie Rieback à ChangeNow ou Sandrine Roudaut au Web2Day cette année, ou Aurore Stéphant à l’USI 2022, lorsqu’elle alertait sur les limites physiques de nos modes de vie.
Du côté des entreprises, Christopher Guérin, le CEO de Nexans, s’inscrit dans le même mouvement, bien qu’il se refuse à parler de décroissance : il intervenait notamment à ChangeNOW et aux Napoleons à Val d’Isère.
Douglas Rouskoff
Un autre penseur “alternatif” et poil à gratter : j’ai déjà abondamment parlé de son intervention à SXSW, la meilleure de cette édition très riche. Sans aller sur le terrain de l’écologie, il proposait une analyse du capitalisme, de ses liens avec la tech et du modèle de société prôné par la Silicon Valley. Passionnant (et angoissant aussi).
Pour vous faire vous-même une idée, son intervention est maintenant disponible sur Youtube.
Camille Etienne
On reste dans les activistes, avec Camille Etienne, qui intervenait dans deux éditions des Napoleons : à Arles en 2022 puis à Val d’Isère en 2023. Après le décor impressionnant des arènes, elle s’exprimait dans le cadre plus intimiste (c’est relatif) de la Folie Douce, en haut des pistes.
À chaque fois son message résonne, car elle sait trouver les mots pour parler à son audience sans braquer. Mais là où elle m’a le plus marquée, c’est dans le podcast qu’elle a enregistré pour The Others : “le calme pendant la tempête”, dans lequel elle raconte son voyage en voilier pour rejoindre l’Islande et documenter la fonte de ses glaciers.
Clarissa Ward
La reporter de CNN, Clarissa Ward, qui a couvert le départ des Américains de Kaboul, la guerre en Syrie ou les crimes de Poutine en Russie (entre autres) était la surprise totalement improbable des Cannes Lions 2022… Entre les yachts des startups de l’adtech, les plages des GAFA et les soirées des agences, elle était venue parler de son travail de reporter de guerre. Un travail qui ne peut exister sans la publicité, qui finance en grande partie CNN…
Son intervention posait, en creux, la question du financement des médias et de l’information (une thématique que j’aurais aimé creuser davantage lors de la table ronde que j’animais au Web2day sur les modèles économiques des médias).
Nach
Il n’est pas forcément nécessaire d’aller à Cannes, Val d’Isère ou au Texas pour être inspiré… Nach est une découverte fortuite, à deux pas de chez moi, à Nantes : elle intervenait dans le cadre du festival “Hip Opsession” pour une “conférence dansée” passionnante sur son parcours dans le monde de la danse et plus particulièrement du “krump”, une danse urbaine née à Los Angeles dans les années 2000.
Ce format de la “conférence dansée”, très vivant, était impressionnant. Il est difficile à décrire, mais vous en trouverez un aperçu ici.
Bilan : il y a beaucoup d’activistes ou de personnes engagées dans cette liste, car, par nature, leur discours me semble plus sincère et incarné. Mais porter des convictions ne suffit pas. Ces intervenants ont des capacités indéniables de storytelling et de mise en scène de leurs récits, avec une capacité à trouver où positionner le curseur dans la radicalité par rapport à leur audience. Ils sont aussi capables de faire le pont entre leurs expériences individuelles et des enjeux collectifs, afin d’inspirer, de faire réagir et d’inciter à passer à l’action…
Comptez sur moi pour continuer à vous partager mes coups de cœur dans cette newsletter : le programme des conférences des prochains mois est encore chargé !
Benoit Zante