Je prends à nouveau le risque de tomber dans la nostalgie, mais tant pis…
En apercevant il y a quelques semaines l’entrepreneur Tariq Krim dans les allées du “Business Day” du Sommet pour l’Action sur l’IA, je n’ai pu m’empêcher de me souvenir du formidable outil qu’était Netvibes, dont il était à l'origine.
Ce dashboard, qui s’appuyait sur les flux RSS et une foule de “widgets”, était idéal pour organiser sa veille, en jonglant entre les blogs et les sites d’infos. On pouvait tout paramétrer à la main, les possibilités semblaient infinies. Mais justement, l’outil était sûrement trop “geek” pour toucher un plus large public.
Et puis, Twitter a rapidement pris le relais, plus réactif, plus interactif. Plus addictif aussi. Surtout, Twitter a ajouté le filtre des “gens” pour assurer la curation des contenus. Mais après plus de dix ans d’utilisation, son sabordage par Musk me l’a fait abandonner sans beaucoup de regrets. De toute façon, avec un peu de recul, ce flux actualisé en continu n'était pas vraiment la meilleure idée pour la santé mentale...
Depuis, les newsletters, ont, d’une certaine façon, pris la place de Twitter comme source d’info chez moi. Mais je trouve qu’il y a encore trop de “bruit” dans ma boite mail - peut-être que les IA qui promettent de classer et résumer les e-mails y apporteront une solution, mais je n’en suis pas sûr (je reviendrai sûrement sur ce sujet dans une autre newsletter).
De fait, depuis septembre dernier, je suis revenu aux bons vieux flux RSS, en utilisant Feedly. Cet outil d’agrégation a su évoluer, en intégrant une couche d’IA, pour identifier de nouvelles sources et pallier la disparition progressive des flux RSS. Mais pour l’instant, je reste un peu sur ma faim quant aux apports de l’IA.
Pour en revenir au point de départ de cette newsletter, le constat est aujourd’hui bien triste. À la fin des années 2000, j’avais sur mon Netvibes des dizaines d’onglets classés par thématiques, avec dans chacun des dizaines de flux et des centaines de liens actualisés en continu. Cela me permettait d'espérer ne passer à côté d’aucun des sujets qui m’intéressaient à l'époque (et j'en avais beaucoup !). Mais si je devais le refaire aujourd’hui, je ne suis pas sûr d’être capable de trouver un dixième de ce que j'y trouvais alors - en termes de qualité comme de quantité.
Cette “vague de médiocrité” - les Américains parlent d’“Enshittification” du web - n’est en fait pas si récente. Elle a débuté bien avant ChatGPT et l’IA générative, qui n'ont fait qu’accélérer une tendance déjà bien enclenchée par les réseaux sociaux et leurs algorithmes (mais pas seulement).
Faute d'un modèle de découverte et de rémunération qui valorise la qualité, les “bons” contenus sont aujourd’hui quasiment tous abrités derrière des paywalls, et les médias pure-players qui ont réussi à survivre à la captation des revenus publicitaires par les plateformes se comptent sur les doigts d’une main.
Dans le même temps, suivant la hausse des débits et l'amélioration de la bande passante, la vidéo a définitivement supplanté l'écrit sur le web. Les blogueurs des années 2000 ont laissé, pour le meilleur comme pour le pire, la place aux Youtubeurs et aux TikTokeurs (sans parler des influenceurs Linkedin, mais c'est une autre histoire).
Bref, toutes ces évolutions font que oui, nous sommes aujourd’hui submergés de contenus, mais surtout, que les sources d’information vraiment pertinentes se font de plus en plus rares, ce qui est encore plus préoccupant. Et quand elles existent, elles sont difficiles à identifier, car noyées dans la masse ou invisibilisées derrière des paywalls. Et les plateformes n’ont pas vraiment intérêt à ce que cela change…
Résultat : de plus en plus, j’en reviens au papier (même si, là encore, la qualité n’est pas/plus toujours au rendez-vous) !
Benoit Zante
PS. Dites-moi si vous trouvez que j’idéalise les choses au sujet de cette période finalement assez courte du “web 2.0”, dont Netvibes assurait la synthèse… et, aussi, si vous avez trouvé de nouveaux moyens de faire votre veille !
Je ne suis pas du genre à regretter le passé mais il est vrai que Netvibes, c’était vraiment utile. Également pour publier sur différentes plateformes à partir d’un lieu central, et avec planification possible, svp ; mais ça c’était avant que les technos bros ferment leurs api pour nous obliger à aller picorer leurs encarts de pub sur chaque plateforme. Depuis, j’ai retrouvé l’esprit de Netvibes sur des groupes Discord où la veille de plusieurs est mutualisée (et commenté de commentaires avec vraie valeur ajoutée).
Moi j’attends de trouver des veilleurs pro et je les suis à la trace (genre Hubert Guillaud - Dans les algorithmes)