đ§ Un deuxiĂšme cerveau ?
JusquâĂ prĂ©sent, Ă intervalles rĂ©guliers, je m'astreignais Ă ranger mon Drive Google - lĂ oĂč je stocke mes notes - toutes mes notes - depuis des annĂ©es.
Jusqu'à présent, ça ne servait pas à grande chose : avec la recherche intégrée, je retrouvais plus ou moins facilement les transcripts de vidéos, notes de conférences, brouillons d'articles et autres documents rédigés par le passé. Et puis...
TL;DR
LâIA gĂ©nĂ©rative ne permet pas seulement de gĂ©nĂ©rer des contenus, elle permet aussi de rĂ©organiser lâaccĂšs Ă lâinformation⊠Câest notamment rendu possible par la technique du RAG, pour âgĂ©nĂ©ration augmentĂ©e par de la rechercheâ.
ConnectĂ©e Ă une base de donnĂ©es comme Google Drive ou Notion, câest un outil puissant pour gagner en productivitĂ© en facilitant la recherche dans les contenus et lâaccĂšs Ă lâinformation.
Ă terme, lâimpact de ces outils pourrait ĂȘtre majeur pour la gestion des connaissances et des bases de donnĂ©es des entreprises. Certaines commencent dĂ©jĂ Ă en explorer les possibilitĂ©s.
AprĂšs le NLP et les LLM, le RAG (pour âRetrieval Augmented Generationâ) va-t-il ĂȘtre le nouvel acronyme Ă la mode dans le monde de lâIA ?
âCâest un ChatGPT qui Ă©crit du texte mais Ă partir dâune documentation que tu lui fournisâ explique Benoit RaphaĂ«l dans sa derniĂšre newsletter, consacrĂ©e au sujet.
âEn gros, avec le RAG, le modĂšle de langage utilise ses connaissances pour analyser et pour Ă©crire, et va chercher dans les connaissances que tu lui donnes pour exploiter les bonnes infos dans sa rĂ©daction. Comme ça tout le monde est content. Et ça rĂšgle 90% des problĂšmes que lâon rencontre avec ces outils dâIAâ explique-t-il.
Dâailleurs, câest cette newsletter qui mâa donnĂ© envie de me repencher* sur le sujet, en testant un outil (français en plus) quâil conseille : Dust. La promesse : bĂ©nĂ©ficier dâun second cerveau ! Rien de moins.
Pour faire simple, le service se connecte Ă mon Google Drive (ou Ă Notion et Slack, mais je les utilise peu), puis une sĂ©rie dâassistants - basĂ©s sur les modĂšles dâOpenAI, Anthropic, Mistral ou Google, en fonction des prĂ©fĂ©rences - que je peux personnaliser et paramĂ©trer mâaident ensuite Ă faire sens de tout ce fouillis constituĂ© des milliers de documents rĂ©digĂ©s au fil des ans.
La recherche sĂ©mantique montre alors tout son intĂ©rĂȘt. âRetrouve-moi tous les articles que jâai Ă©crits sur le sujet de la mode responsableâ, âRĂ©sume-moi tel documentâ, âQuelles sont les personnes que jâai rencontrĂ©es par le passĂ© et que je pourrais solliciter pour parler des tendances dans la fintech ?â, âQuelles sont les startups que jâai repĂ©rĂ©es sur le thĂšme de la foodtech ?â, etc.
Bon, ça ne marche pas Ă tous les coups (que viennent faire des services de tonte de pelouse en rĂ©ponse Ă ma requĂȘte sur la foodtech ?), mais câest extrĂȘmement prometteur, et surtout, trĂšs simple dâutilisation pour quelquâun qui ne code pas. Il est probable que ce type dâoutil soit intĂ©grĂ© rapidement de façon native Ă Google Drive, Dropbox et autres solutions de stockage dâinformation.
GĂ©nĂ©ralisĂ©, ce type dâoutil a le potentiel de transformer en profondeur lâaccĂšs Ă lâinformation. Accenture en fait dâailleurs la premiĂšre tendance de sa âVision Technologiqueâ 2024, prĂ©sentĂ©e lors du CES.
La tendance "Je pense donc je suis" : une nouvelle vision de la connaissanceâ explique ainsi que âLe modĂšle d'interaction homme-donnĂ©es basĂ© sur des recherches de type "bibliothĂ©caire" laisse la place Ă un nouveau modĂšle : celui du conseiller. Au lieu d'effectuer des requĂȘtes pour obtenir des rĂ©sultats, les utilisateurs posent maintenant des questions aux chatbots d'IA gĂ©nĂ©rative.â
Lâimpact pour les entreprises pourrait ĂȘtre majeur, en particulier parce que (toujours selon cette Ă©tude), âles chatbots dĂ©veloppĂ©s grĂące aux LLM peuvent dĂ©sormais jouer un rĂŽle de conseillers et permettre aux entreprises de mettre entre les mains de chacun de leurs collaborateurs un outil dotĂ© d'une connaissance trĂšs Ă©tendue de l'organisation.â
En France, un exemple trĂšs concret est dĂ©jĂ donnĂ© par Castorama, dont jâai rĂ©cemment interrogĂ© le Chief Marketing, Digital & Customer Officer, Romain Roulleau : lâenseigne a utilisĂ© ses connaissances internes (guides, tutoriels, supports de formation des vendeurs, contenus liĂ©s aux produits) pour nourrir son outil âHello Castoâ. Celui-ci rĂ©pond aux questions des clients sur les sujets de bricolage et jardinage (spoiler : ne comptez pas sur lui pour vous donner des conseils dĂ©co, mieux vaut rester dans les sujets techniques).
Pour en revenir Ă Dust, on peut avec cet outil aller un peu plus loin que la simple recherche documentaire. RĂ©daction de rĂ©sumĂ© ou de synthĂšses, dĂ©tection de signaux faibles et de tendances, gĂ©nĂ©ration d'idĂ©es de contenu, suggestion dâamĂ©liorations pour des documents, traduction, gestion et suivi de projets⊠la liste est dĂ©jĂ assez large.
Je me suis ainsi crĂ©Ă© un assistant qui relie mes newsletters et me donne des conseils dâamĂ©lioration, Ă partir de toutes les newsletters Ă©crites prĂ©cĂ©demment. Un autre est spĂ©cialisĂ© dans une thĂ©matique prĂ©cise que je couvre souvent (il nâa accĂšs quâaux documents de mon Drive qui en parlent). Le graal, bien sĂ»r, serait dâavoir un assistant qui Ă©crive mes articles Ă ma place⊠Mais mĂȘme si on sâen approche parfois un peu, ce nâest pas encore ça (ouf !).
Et puis, il y a encore de nombreuses limites, dont celle-ci, que rappelle le robot @Dust : âIl est important de se rappeler que les assistants Dust ne sont pas connectĂ©s Ă Internet et ne peuvent pas accĂ©der Ă des informations en temps rĂ©el ou Ă des bases de donnĂ©es externes non synchronisĂ©es.â
Bref, tout ça est prometteur, mais reste encore en développement. Il faudra suivre de prÚs comment ça évolue.
Benoit Zante
*âRepencherâ parce que jâavais dĂ©jĂ testĂ© des choses du mĂȘme genre il y a quelques annĂ©es. Mais on en Ă©tait alors quâĂ GPT3, et les rĂ©sultats Ă©taient loin dâĂȘtre Ă la hauteur.