La semaine dernière, je vous parlais du “grand épuisement” diagnostiqué par le cabinet WGSN… Ce constat m’a rappelé une intervention que j’avais suivie l’an dernier : celle de Cécile Dejoux, la directrice de “l'Observatoire des transformations managériales et RH”, lors de la conférence USI, au Musée du Quai Branly.
Pour être honnête, je ne suis pas vraiment fan de la forme de l'intervention, mais quelques-uns de ses propos m'avaient marqué.
Elle propose notamment une méthode pour retrouver le contrôle de son temps, dans un contexte de surcharges diverses et variées : informationnelle, évidemment, mais aussi posturale - quand on doit jongler entre différents rôles de coach, manager, formateur - ou encore cognitive - avec la multiplication des projets et méthodes à maîtriser -… Sans oublier la surcharge de travail.
“Il y a des surcharges qu'il faut absolument identifier pour soit les automatiser avec de l'IA, soit décider de ne plus les réaliser en les déléguant, soit décider de les optimiser”, explique-t-elle.
En réponse, elle propose trois bonnes pratiques pour la gestion de ses journées (désolé pour le jargon “managérial” et les anglicismes), puisqu’elle est convaincue que "la gestion de votre temps, c'est ce qui fera votre valeur demain”.
Commencer par créer des "slots" dédiés au "focus time" dans son agenda - des moments réservés à la réflexion profonde et à la création de valeur. Ces périodes sont particulièrement nécessaires pour éviter la surcharge informationnelle et cognitive. Dans un environnement saturé d'informations (WhatsApp, Slack, emails, etc.), ces moments de concentration permettent de prendre du recul et "redécouper votre surcharge de travail en priorité, en travaillant en séquentiel" plutôt que de se trouver "managé avec des notifications."
Établir un "temps de back-up" ou de "sas" pour gérer le flux quotidien des tâches, en acceptant qu'on ne puisse pas tout faire. Là encore, il s'agit d'apprendre à prioriser et à déléguer certaines tâches, notamment en s'appuyant sur l'IA pour automatiser ce qui peut l'être et se concentrer sur ce qui est vraiment important.
Sanctuariser un temps d'apprentissage quotidien, même court (10-20 minutes), mais dans des conditions propices à l'assimilation - c’est-à-dire pas "comme des petites sardines dans le RER avec mon casque".
Tout cela en prévoyant régulièrement des temps de pause ("On sait aujourd'hui qu'au travail, toutes les deux heures, il faut 15 minutes de pause. Ces 15 minutes de pause sont essentielles.”) et de reconnexion avec la nature…
Mais en quoi reprendre le contrôle sur son temps est-il si important, et d'autant plus dans le contexte de l'avènement de l'IA dans notre quotidien ? Pour Cécile Dejoux, c'est une évidence : "L’IA nous vole notre estime de soi. Plus vous travaillez avec une IA, plus vous voyez que vous êtes de moins en moins bon.” D’où l’intérêt de s’en extraire de temps en temps, pour mieux prendre du recul !
Benoit Zante
PS. La vidéo de l’intervention passionnante de Sean Gourley dont je vous parlais dans une de mes récentes newsletters (“Le dividende du menteur”) est désormais en ligne :