Backlash
Je continue dans mes tendances 2025 ! Pour la prochaine revue Influencia, qui sortira d’ici quelques semaines, j’ai traité du rôle de l’entreprise dans le vivre-ensemble. Je pensais faire quelque chose de positif, mais plus je creusais le sujet, plus je trouvais des signaux négatifs…
Coup de frein sur les politiques de diversité et d’inclusion au sein des grands groupes - américains, d’abord, mais aussi chez des Français, comme Publicis -, remise en cause des démarches “best place to work” - chez Ford, par exemple -, du télétravail - allant jusqu’à déclencher des grèves, comme chez Ubisoft - et plus généralement de tout ce qui concerne “l’expérience collaborateur”…
L’institut Forrester parle ainsi de “EX winter” (“EX”, pour “Employee Experience”) tandis que le New York Times évoque la fin de la “Perk Culture”, cette pratique propre aux boîtes tech qui consistait à “chouchouter” les salariés à coups de snacks et repas à volonté, de salles de jeu et autres massages gratuits.
On a aussi vu Netflix remettre en cause sa politique particulièrement généreuse de congé parental ou Meta licencier des salariés qui n’utilisaient pas leurs bons d’achat Uber Eats de la bonne façon.
Autant de signes qui montrent que la roue a tourné, et que les salariés - même dans la tech - ne sont plus en situation de force. L’IA, le nouveau contexte économique et le retour de Trump - entre autres - sont passés par là. Au plus haut niveau, les dirigeants subissent de plein fouet le virage conservateur et les pressions d’un mouvement “anti-woke” de plus en plus coordonné, qui trouve de l’écho aussi auprès des investisseurs.
Les anglo-saxons ont d’ailleurs un terme pour ça : le “backlash”, qui désigne un retour de bâton ou de balancier. En l’occurrence, ce mouvement se montre particulièrement brutal et violent.
Rythme du “print” oblige, j’ai rendu mon article pour Influencia en décembre.
Or, depuis, la tendance n’a fait que s’accentuer encore… Meta, Amazon ou McDonald’s (pour n’en citer que quelques-uns) ont récemment emboîté le pas à Ford ou Microsoft en annonçant des réductions drastiques de leurs efforts en matière de DE&I (pour “Diversity, Equity & Inclusion”).
Rares exceptions, Apple a pris publiquement position pour s’opposer à ces virements de bord, tout comme le distributeur Costco.
Soyons francs, ces retours en arrière touchent essentiellement les groupes américains, les premiers affectés par l’évolution du climat politique. Mais il n’y a aucune raison de penser que la France sera épargnée par ces retours en arrière.
Benoit Zante
PS. Le même constat est valable sur l’ensemble du spectre de la RSE, enjeux environnementaux compris. Novethic parle ainsi de 2024 comme de l’année “de la grande désillusion” pour la transition durable et la RSE…