Intelligence Collective
J'ai eu la chance d’assister à beaucoup d'événements professionnels ou moins professionnels au cours des dernières années, mais ça faisait longtemps que je n'avais pas participé à l'organisation de l'un d'entre eux...
TL;DR :
Media Off-Site, c’est un nouveau format d’événement, intimiste, pour des dirigeants au sein de médias qui ne veulent pas se complaire dans les constats alarmistes sur l’évolution de leur secteur.
Son format à contre-courant a permis de générer des échanges et des interactions d’une grande qualité… Mais comme son nom l’indique, tout était “off” - jusqu’au nom des participants !
Néanmoins, tous ces échanges vont permettre de rédiger un rapport, anonymisé, en Français et en anglais. En espérant que ce fruit de l’intelligence collective puisse bénéficier au plus grand nombre.
Il faut dire qu’en 8 ans, on avait enchaîné les événements professionnels chez Petit Web, en explorant de nombreux formats - petits-déjeuners, matinées de table ronde, grands prix, afterwork masterclass, clubs, etc. Et ça m'avait un peu vacciné de toute organisation.
Mais quand l'occasion s'est présentée de contribuer à la création et au lancement d'un événement radicalement différent, je n'ai pas réfléchi très longtemps (d'ailleurs je ne me souviens même pas d'avoir réfléchi !). C'était donc la semaine dernière : Media Off-Site, une “retraite” de 2 jours à Nantes avec 10 professionnels des médias, pour réfléchir ensemble à l'avenir de ce secteur. Je n’ai pas été déçu : j’ai rarement vu un tel niveau de partage, de confiance et de convivialité se construire en si peu de temps.
Si ça a fonctionné, c’est parce que le format “Off-Site” prend le contrepied total de la plupart des événements professionnels existants. En vrac : un nombre restreint de participants soigneusement sélectionnés ; une diversité de profils (types et tailles de médias, postes, parcours…) pour varier les points de vue ; pas de spectateurs seulement des contributeurs ; l'absence de sponsors ; aucune captation vidéo ou diffusion des échanges à l'extérieur...
Bref, un "huis clos" total. Qui plus est dans un cadre hors du commun : un hôtel particulier, à Nantes, à des années-lumière d'un bureau ou d'une salle de conférences. Cet éloignement géographique de Paris était d'ailleurs un élément clé dans le succès de l’aventure : c'est en sortant de la routine et du quotidien (et en prenant le temps) qu'on arrive à développer des échanges qui sortent de la banalité et de la superficialité.
En fait, tout est dit dans le titre : tout est "Off", y compris les noms des participants - l’idée n’est pas de faire un “club fermé” ou même une “société secrète”, mais c’est un pré-requis pour garantir la liberté de parole.
Impossible donc de parler ici du contenu des discussions… Pour donner quand même une idée, voici quelques titres des sujets abordés : “Argent pas facile” (où il était question des modèles économiques, évidemment), “Passions toxiques” (sur le management), “Plateformes hostiles”, etc.
Pour l'anecdote, chacune des sessions de travail commençait par deux questions : “qu’est-ce qui est ‘on’ sur le sujet ?” (ce qui est dit habituellement en public et que l'on ne veut plus entendre) et “qu’est-ce qui est ‘off’ ?” (ce que personne ne dit, mais que tout le monde pense tout bas). Un bon moyen de sortir des discours convenus dès le début.
Une question se pose quand même : comment avoir de l'impact avec un événement par nature si restreint ? Déjà, via leurs médias, les 10 participants touchent des millions d'auditeurs, lecteurs ou (télé)spectateurs. Ils sont rentrés de ces deux jours avec des enseignements qu'ils vont partager avec leurs équipes.
Surtout, les échanges donneront lieu à un rapport gratuit et totalement anonymisé, pour respecter le off, dont la publication est prévue pour la rentrée (pré-inscriptions ici) en Français et en Anglais. Sa rédaction sera le travail de ces prochaines semaines pour toute l’équipe de choc réunie par Maxime Leroy (VP product de Politico Europe), à l’initiative de ce projet : Marine Doux et Baptiste Thevelein (Médianes), Marion Wyss (The Audiencers) et Quentin Franque.
Forcément, il y a des choses à améliorer pour la suite - puisque c’était la conclusion naturelle à la fin de la dernière journée : il devra y avoir une suite.
Il faudra sans doute ouvrir le cercle plus largement, pour éviter que le “huis clos” ne devienne un “vase clos” - sans pour autant perdre l’état d’esprit initial. On pourra aussi aller plus loin dans la “co-construction” et l’entraide, en variant les formats d’échange - Un hackathon ? Une session de mentorat d’un média émergent ? Un brainstorming collectif pour débloquer la problématique de l’un des participants ?
Le champ des possibles est aussi vaste que les enjeux auxquels doivent répondre les médias…
Benoit Zante